Le Château de Ouézy

le château de ouezy en Normandie

Le domaine de Ouézy au fil du temps

L’origine du domaine de Ouézy

Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, Charles Guillaume de VIGNERAL (1702-1757), seigneur et patron honoraire de QUATRE-PUITS, de VALMERAY et de CESNY-AUX-VIGNES, et la famille de son épouse, Jeanne Marguerite DUMONT firent l’acquisition de « maisons manables, dépendances et herbages sis en la paroisse de Ouézy ». Des archives font état de la poursuite de ces acquisitions par leur fille, Anne Marguerite Eulalie de VIGNERAL (1736-1810), et son époux, Gabriel Augustin Louis de BONCHAMPS (1718-1769), sieur de FIERVILLE.

Louise de BONCHAMPS DEDEMAINE (ou DES DEMAINES) (1761-1845) vécut sur ce domaine de Ouézy durant la Révolution française avec sa mère, Anne Marguerite Eulalie de VIGNERAL. Après avoir rallié l’armée des émigrés, son frère, Louis Pothin de BONCHAMPS (1758-1831), sieur de FIERVILLE, vint les rejoindre, avec son épouse et leurs trois enfants de retour d’Angleterre, leurs biens situés au Breuil (commune rattachée à celle de Mézidon en 1848) ayant été mis sous séquestre puis vendus comme biens nationaux.

Début XIXe à 1930 : une période fastueuse

La transformation de l’ancien château

Le fils de Louis Pothin de BONCHAMPS, Guillaume (1789-1861), aussi appelé William, comte de BONCHAMPS, commanda en 1847 à François-Théodore BRASNU (Mondeville), entrepreneur de travaux publics, la construction du centre de la façade actuelle, à la perpendiculaire de l’ancien château (antérieur au XIXe siècle). Les travaux commencèrent à partir de 1848 selon les plans et les élévations de Paul VERROLLES, architecte du département du Calvados. Le vestibule du nouveau château XIXe donne sur un perron à double rampe, en forme d’anse de panier, dont la balustrade en fer forgé présente les armoiries des BONCHAMPS.

Jules (1828-1887), comte de BONCHAMPS, et son épouse, Marie ANDRE de LA FRESNAYE (1839-1907), aménagèrent l’essentiel du parc actuel. En 1894, furent construites la porterie du château et sa grille. Cette grille monumentale est due à l’artisan caennais Jules LECHEVREL, maître serrurier et ferronnier d’art, né en 1838 et nommé chevalier de la Légion d’honneur à 90 ans. La partie haute de cette grille, endommagée au cours des années 2000, n’existe plus aujourd’hui. Elle était ornée des armoiries des BONCHAMPS.

Au début du XXe siècle, Robert (1867-1922), comte de BONCHAMPS, donna au château actuel son aspect définitif à l’allure imposante : c’est à partir de 1913 que l’ancien château fut démoli et que furent ajoutées, notamment, les ailes nord et sud autour du château XIXe.

L’étude de l’histoire naturelle

Marie ANDRE de LA FRESNAYE installa dans l’actuel pavillon d’accueil du public un cabinet d’histoire naturelle (dispersé en juillet 1931, lors de la vente aux enchères du mobilier du château). Il provenait très certainement de la collection de son père, ornithologue, Frédéric ANDRE (1783-1861), baron de LA FRESNAYE. Derrière le château, dans l’ancienne basse-cour, une volière abritait des oiseaux. Marie de LA FRESNAYE vécut toute son enfance au château de La Fresnaye, à Falaise (Calvados).

L’eau comme source d’énergie non polluante

A partir de 1854, Guillaume de BONCHAMPS reconstruisit le moulin à eau, situé à droite du château, le long du Laizon. A cette occasion, ce cours d’eau, qui longe le parc du château, a été modifié pour en accélérer son débit entrainant la roue à aubes du moulin. Cette roue à aubes n’existe plus, brûlée durant le 2de Guerre mondiale. Initialement utilisé pour moudre le blé, il fut très certainement converti en générateur électrique, à compter de 1913, pour alimenter en électricité le château.

En 1892, Marie de LA FRESNAYE, commanda aux Etablissements BOLLEE au Mans l’installation d’une pompe « bélier hydraulique ». Ce système (toujours existant) permettait de pomper l’eau du Laizon en contre-bas à droite du château, sans moteur, jusqu’à la cuve, en plaques d’acier rivetées, posée sur la petite tour en brique visible à gauche du château, à une hauteur plus élevée que le niveau du cours d’eau. La redécouverte de cette technologie d’énergie renouvelable est une réponse concrète aux défis énergétiques du XXIe siècle !

Pompe « bélier hydraulique » des établissements BOLLE (1892)
Pompe « bélier hydraulique » des établissements BOLLE (1892)

Le soutien à la création artistique

Huile sur toile, 22 x 98 cm

En 1889, Marie de LA FRESNAYE commanda au peintre RAME une série de 18 panneaux destinés à décorer les boiseries de la salle à manger du château, avec 1 panneau supplémentaire placé au-dessus de la cheminée (voir le parcours « Sur les pas de Jules-Louis RAME » au départ de la mairie de Ouézy). Ces panneaux (dispersés en juillet 1931) évoquent une série de paysages aux arbres, dont notamment des vues du parc du château, de ses allées et des paysages aux alentours du château. L’un d’eux représente l’église Saint-Gervais-Saint-Protais de Falaise. Lors de l’agrandissement du château en 1913, Robert de BONCHAMPS fit déplacer les 19 panneaux peints par RAME et les boiseries décorées par ces panneaux dans la nouvelle salle à manger, située dans l’aile nord.

Jules-Louis RAME (1855-1927) est un peintre impressionniste natif du village de Ouézy. Il y rencontra le peintre Charles BERLIOZ (1861-1929), hôte des BONCHAMPS, qui l’encouragea dans sa vocation en l’orientant à prendre des leçons à l’École des Beaux-Arts de Caen. Marguerite LION, avant son mariage en 1880 avec le peintre RAME, fut la préceptrice des deux enfants, Guillaume et Robert, de Jules de BONCHAMPS et de Marie de LA FRESNAYE. Jules-Louis RAME donna des leçons de dessin à Guillaume de BONCHAMPS (1865-1911).

Une proximité avec le château de Canon

Le domaine de Canon (château, parc et fermes) fut vendu en 1891 par le neveu de Léonce ELIE de BEAUMONT (1798-1874), Félix ELIE de BEAUMONT (1836-1905). C’est depuis le château de Ouézy que son fils, Gaston ELIE de BEAUMONT (1866-1939), organisa le rachat, en 1904, du domaine de Canon avec l’aide financière de Marie de LA FRESNAYE. C’est à la fille de Gaston ELIE de BEAUMONT, Germaine DELOM de MEZERAC (1895-1982), et à sa petite-fille, Antoinette de CARPENTIER (1920-2015), que l’on doit les « chartreuses » du château de Canon telles que nous les connaissons aujourd’hui. Une porte (encore existante), dans un mur surplombant un bras du Laizon, offre un accès au parc du château de Canon depuis celui du château de Ouézy.

L’omniprésence des voitures

Qu’elles soient à cheval ou à moteur, les voitures ont été présentes de tout temps au château de Ouézy !

Les animaux du château

La vie au château de Ouézy ne s’est jamais envisagée sans la présence des animaux de la ferme : ils ont fait la joie des petits et des grands !

Animaux du château (photos début XXe)

Une implication dans la vie publique

Au cours de ces différentes périodes, la famille BONCHAMPS eut l’occasion de s’impliquer dans la vie du village de Ouézy en contribuant notamment aux réparations et améliorations de l’église, à la construction de l’école. Guillaume de BONCHAMPS fut maire de Ouézy. Son fils, Jules de BONCHAMPS et son petit-fils, Robert de BONCHAMPS, ont également été maires de Ouézy.

Pendant la deuxième guerre mondiale

Les Allemands avaient installé des hôpitaux militaires dans les châteaux de Ouézy et de Canon.

Souvenirs de jeunesse de Monique AUBEY (février 2020)

« Les Allemands occupant l’école des filles Jean Jaurès à Canon, nous allions en classe une demi-journée dans une annexe du château de Ouézy occupé par les Allemands. La propriété de plusieurs hectares était gardée par une sentinelle en bordure de la D47. La route se faisait à pied (2 à 3 kilomètres). A partir du moment où les mitraillages et les bombardements ont commencé, comme nous empruntions la route principale, nous devions nous mettre dans les abris construits dans le talus bordant la route, côté ligne de chemin de fer. Nous avions peur et instinctivement nous mettions nos cartables sur nos têtes pour nous protéger éventuellement des balles. J’avais 10 ans. »

Le domaine de Ouezy aujourd’hui

Hervé et Héloïse de Mézerac vous proposent de visiter leur ferme pédagogique autour du château. En famille ou avec l’école, c’est l’occasion d’y découvrir les animaux et les produits « bio » de la ferme. Sans oublier les cabanes dans les arbres où l’on peut dormir ! Site Internet : www.ferme-pedagogique.fr

Hervé de Mézerac
Hervé de Mézerac, une naissance au domaine de Ouézy (juillet 2020)

G. DE BONCHAMPS, mai 2021 (sources documentaires : archives privées, archives départementales du Calvados)