Biographie de Jules-Louis RAME

Jules-Louis RAME (1855 à Ouézy – 1927 à Ouézy). Portrait peint par Rose DUJARDIN-BEAUMETZ (1882-1967). Huile sur toile, 64 x 53 cm, collection particulière.

Jean Yves Lalller, archiviste aux archives départementales du Calvados, souligne que dès le début du XVIIe siècle les ascendants de Rame vivent dans un rayon d’une trentaine de kilomètres comme toutes les petites gens à cette époque. Pour la famille Rame il s’agit de Croissanville, Magny le Freule, Méry-Corbon puis viennent le Breuil, Mézidon, Canon et Ouézy.

C’est une famille du prolétariat rural. L’ascension sociale vient avec les parents de Jules-Louis : son père, Jules, est maréchal-ferrand et sa mère, Ameline Vincent, couturière puis épicière. Ceci explique que leur fils pourra faire ses études à Caen.

Jules-Louis naît le 17 décembre 1855 à Ouézy. A 16 ans il entreprend un apprentissage d’horloger qu’il doit abandonner pour des raisons de santé. De retour à Ouézy il s’initie au dessin et rencontre Charles Berlioz, cousin du musicien, qui l’encourage à continuer. « Je me souviendrai toujours l’impression que j’ai ressentie la première fois que je vis peindre mon maître improvisé. Tout m’a séduit, chevalet, palette, pinceaux et même l’odeur de tout cela » Extrait d’une lettre de Rame cité par A. Boissière dans Biographie du peintre Jules-Louis Rame, 1900.

Lorsqu’il part à l’école des Beaux-Arts sa mère prend une épicerie à Caen pour être à ses côtés. Sa santé le ramène à Ouézy en 1874 et il vit chez ses grands parents Vincent.

En 1876 il obtient une première médaille de l’école des Beaux-Arts de Caen et en 1877 il expose à Paris, au Salon des Artistes français.

En 1880 il épouse la gouvernante du château d’Ouézy, Marguerite Lion dont sa belle fille, épouse de leur fils Maximilien fait le charmant portrait suivant « Marguerite Lion était très jolie, petite mais bien proportionnée, blonde d’un blond doré avec un teint de fleur qu’elle conservera en vieillissant malgré ses rides ; elle avait des yeux bleus un peu violet, une très longue chevelure qui était restée un des très beaux souvenirs que le peintre gardait de sa jeune femme ».

En 1880 le couple s’installe dans une petite maison du hameau des vignes, achetée par son grand père, où le peintre installe son atelier. Leur fils Maximilen naît en 1885.

De 1897 jusqu’à sa mort Rame exposera à la société nationale des Beaux-Arts à Paris et en deviendra membre en 1904.

En 1899 il reçoit les Palmes Académiques et devient membre du jury d’admission de la Société Caennaise de Photographie, l’autre passion du peintre.

En 1909 sir Ingram, un lord anglais qui a vu ses oeuvres à Paris vient à Ouézy et invite Rame chez lui à Ramsgate dans le sud de l’Angleterre pour une commande de 30 tableaux. Il visitera l’Écosse et la Hollande.

Sa petite fille Jacqueline naît en 1910. À partir de cette année il passera 2 mois par an dans l’Aude dans la propriété d’Etienne Dujardin-Beaumetz, sous-secrétaire d’État aux Beaux-Arts, et aura pour élève Rose, la nièce de celui-ci. Il ira aussi régulièrement à Clécy à l’invitation de son ami Maurice Tastemain.

Il meurt en 1927 à l’âge de 72 ans, est enterré à Ouézy et une stèle a été érigée sur sa tombe.

Comme le montre cette brève biographie Rame a un peu voyagé, surtout à partir de 1910, mais il passe malgré tout la plus grande partie de sa vie à Ouézy.

Il dira « J’ai toujours travaillé dans mon village et les environs. Avant l’été dernier où je suis allé peindre à Clécy, à 10 lieues d’ici, je n’avais jamais ressenti le besoin d’aller chercher d’autres sujets. Ici j’ai bientôt peint toutes les maisons et tous les arbres je les connais de tous les côtés mais je reste persuadé qu’il reste beaucoup à faire » Ouézy, février 1898.

Son élève et ami Maurice Tastemain l’incite à cultiver ses relations en Normandie « mais pour cela il faudrait bousculer ces braves gens de Lisieux, de Pont-Audemer où vous avez déjà vendu pour les intéresser presque malgré eux…. Vous êtes le seul qui puissiez donner à leur rêve la réalité qu’ils vont chercher peut-être, si vous les laissez faire, chez les médiocres et les habiles faiseurs ». Cité par Eric Lefèvre pour l’exposition de Condé-sur-Noireau en 1998.

Bien que peu connu du grand public Rame n’est pas tombé dans l’oubli des amateurs normands après sa mort. Sa famille, son fils et sa petite fille, ont su préserver son oeuvre et une poignée d’admirateurs – en particulier des peintres tels que Lucien Charpenne, Edouard Garrido, André Lemaître, Jacques Deschamps – s’est efforcée de la mettre en valeur. Pour preuve le nombre d’expositions qui lui furent consacré dès l’année de son décès.

  • 1927 : Caen dans une galerie de la rue Saint-Jean,
  • 1943 : musée de Caen, rétrospective organisée par Edouard Garrido,
  • 1960 : Livarot – Villers Bocage,
  • 1966 : Pont-l’Èvêque,
  • 1983 : Lisieux et Honfleur,
  • 1988 : musée de Caen à l’initiative d’Alain Tapié tout nouveau conservateur,
  • 1997 : Condé-sur-Noireau,pour les 70 ans de la mort de Rame,
  • 1999 : musée des Beaux-Arts de Caen sous la direction d’Alain Tapié.