La Bergère

Peinture murale salle à manger du salon du peintre Gabriel DESRIVIERES

Peinture murale, 105 x 67 cm, 1891, collection particulière

De nombreux artistes de cette époque avaient l’habitude de réaliser des fresques pour décorer les salons, les vestibules, les salles à manger des maisons bourgeoises, des châteaux, des auberges, … Jules-Louis RAME a composé cette peinture murale qui se trouve sur l’un des murs du salon de la maison de son ami Gabriel DESRIVIERES (1857-1931) à Ouézy, peintre qui aurait fait l’Ecole des Beaux-Arts avec lui. Trois autres fresques murales de DESRIVIERES sur les saisons l’accompagnent.

Philippe EYMEOUD, association O.L.E.

À Ouézy, à l’époque du renouveau de la peinture murale à laquelle s’adonnent de grands maîtres comme Eugène DELACROIX et Pierre PUVIS de CHAVANNES, Jules-Louis RAME, qui les admire, exécute cette scène pastorale sur un mur du petit salon de la maison de son ami Gabriel Louis DESRIVIERES (1857-1931). Ce dernier, lui-même peintre apprécié alors, décore les autres panneaux moulurés de la pièce, créant un havre de paix en rapport avec ses goûts de nature, sans théâtralité. 

Ce n’est pas une fresque, puisque la couleur n’a pas été appliquée rapidement sur un enduit de chaux encore frais (« a fresco »), mais une peinture murale réalisée sur enduit sec (« a secco »). Par de longues touches impressionnistes, très peu empâtées, près des deux tiers inférieurs de l’œuvre représentent de hautes herbes et plantes sauvages aux verts multiples, parme et ocre, sombres au premier plan puis en pleine lumière, montant vers une haie vaporeuse. Dans la partie haute, au niveau des yeux du spectateur, ces tons ornent le bonnet, le mantelet, l’ample jupe et le tablier de la bergère, exécutés avec la même minutie que ses trois moutons, ainsi que l’arbre au tronc noueux et tourmenté sur lequel la jeune femme s’appuie pour lire. S’il était feuillu l’arbre solitaire formerait un dais au-dessus d’elle, mais il est sombre et nu, aux belles taches vertes éclairées par un rayon de soleil, et se détache sur un ciel brumeux. On pourrait s’attendre à un sol de neige représentant l’hiver, non à cette douce harmonie de tons clairs, très décorative.

Béatrice FIX, guide-conférencier

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