Huile sur toile, 66 x 89 cm, 1899, Musée des Beaux-Arts de Pau
Jules RAME, peintre qui a un peu voyagé, et qui s’est formé à Caen et à Paris, se retourne vers son village natal, Ouézy, à partir de 1874 pour des raisons de santé. Il va s’intéresser et représenter les gens et les paysages qui l’entourent.
C’est ainsi qu’il peint le moulin de Canon. Comme pour beaucoup de maisons de Canon et de Mézidon, la façade principale de cette demeure ne se développe pas le long de la rue qu’elle longe, mais elle lui est perpendiculaire. Elle donne sur un jardin et, abondamment éclairée par le soleil, elle révèle les différentes parties qui la composent : à droite, la partie habitée ; à gauche, la partie réservée à d’autres fonctions, dont celle de moulin, dont on voit la roue. La diagonale du toit vient se heurter à la grande masse sombre et verte des peupliers. Un ciel de traîne couvre l’ensemble, dont on devine qu’il y a une activité humaine grâce au linge blanc qui sèche dans le fond.
Tout concourt à mettre en valeur la luminosité de la façade : les ombres à gauche, les peupliers dans le fond et le muret, au premier plan, avec son portail. RAME a souhaité montrer qu’une maison, somme toute relativement simple pouvait être le sujet d’une peinture : pas de fioriture néanmoins pour la rendre plus poétique. Il s’agit d’un constat simple, une maison observée par un peintre, dont la manière de travailler, mêlant sujet de la modernité, touches libres et couleurs franches, relève des peintres impressionnistes.
Jean BERGERET, président de l’association Le Pays d’Auge
Pourquoi le hameau de Canon a-t-il été si peint ?
Au temps de Jules-Louis RAME, le moulin de Canon fournissait en électricité toutes les maisons de ce hameau grâce à une turbine. Un bief du Laizon fut construit pour l’alimenter en eau.
Le peintre a très souvent représenté ce hameau : son église, ses maisons, certaines rues et son moulin. Juste avant de mourir, il commencera une dernière toile de ce hameau qui représente l’église entre les arbres près de ce cours d’eau. Cette toile de maître est restée inachevée.
Canon est distant de 2 km de son habitation. Avant d’acheter des « pâtures » proches de son domicile au hameau des Vignes, il a dû très souvent se rendre avec son troupeau sur ce lieu dans la journée ou y séjourner. L’eau du Laizon permettait à son troupeau de s’abreuver, les nombreux pâturages lui apportaient la nourriture. Les troupeaux d’animaux conduits par les bergers et leurs chiens, entretenaient les bords des chemins et des rivières.
Joël THERAIN, association O.L.E.